Madame Loyal

Le plus difficile, dans le métier, c’est les adieux. Quand tu les as connus tout jeunes, pleins de fougue et sans beaucoup de cervelle, et que tu les vois à la grille avec leurs petites valises qui contiennent deux fois rien, prêts à se lancer en solo, ça t’en fout à chaque fois un coup. On s’embrasse, on essuie maladroitement quelques larmes, on a un bon mot ou une enveloppe froissée à serrer dans la main pour ne pas craquer. « On se reverra bientôt! Dès que je suis installé, je t’appelle! » Certains appellent, oui, mais personne ne revient. Et au bout de deux silences gênés, on se quitte sans avoir pu se dire vraiment au revoir. Alors, on retourne à l’intérieur et on appelle un nouveau pour lui demander de nous montrer ce qu’il vient d’apprendre. Et on oublie ceux qui sont partis. Comme ils nous oublieront à leur tour. Et la roue continue de tourner. En piste!

Vitor Vapooru

24/02/2023