Personne n’a de pourquoi

En regardant, comme chaque jour, le ciel, l’île parlait aux nuages qui filaient, pressés, sans mot dire. Elle tendait son ventre et les racines des arbres, des buissons fleuris et des herbes frémissaient pour accueillir la caresse du vent. Mais le vent non plus ne pipait mot; il devait pousser, partout et tout le temps. Il était essoufflé. La mer, elle, lui parlait souvent, mais l’île en avait peur et c’est elle qui restait muette. Puis, un tas de rochers s’est installé sur elle. Il n’a pas demandé la permission mais elle était curieuse, alors elle a attendu. Le tas de rochers cuits s’est recouvert de terre cuite, puis a ouvert des yeux de verre et de sa bouche en bois s’est adressé à l’île. Depuis, ils se parlent à longueur de journée. La mer est un peu jalouse.

Vitor Vapooru

27/02/2023