Si tu es arrivé ici, c’est que tu l’as vu en passant. Et tu t’es dit : « Tiens, j’irais bien voir si c’est ouvert… » C’était ouvert, alors tu es entré. Mais tu ne te souviens pas avoir poussé de porte. Tu dirais même que « il » t’a entré, si c’était seulement possible. A l’intérieur, tu n’as vu personne à la réception alors tu t’es dit que tu allais patienter au bar. Il y avait un tabouret haut de libre alors tu t’es assis et tu as commandé un café. Il n’y avait pas de barman, alors tu ne sais pas comment le café est arrivé devant toi mais tu l’as bu tant qu’il était chaud. Il était bon, pas trop corsé. Tu as regardé les bouteilles alignées en face de toi dans le miroir et tu t’es aperçu. « Bonjour », t’es-tu dit. « Bonjour », a répondu l’autre. « Vous comptez rester ici un moment? », te demandes-tu. Tu réfléchis un peu puis tu te réponds : « Non, je suis de passage. »

Quelle agitation…les feux follets ondulent en une danse endiablée derrière les fenêtres à peine voilées. De chaque brève histoire d’amour ou de solitude ils s’élèvent, chimie étrange qui seule habite encore les lits désertés.
Chacun se tortille dans le silence, essayant d’attirer l’œil indifférent.
« Ecoute mon histoire, accorde-moi un instant »
Telle lueur ondoyante et espiègle te dira une étreinte passionnée, regarde-les s’aimer.
Cette vapeur glauque qui flotte lourdement émane du souvenir de celui qui s’est perdu là, dans une chambre grise et solitaire – tu frissonnes…
Les cimetières ne sont pas seuls à être hantés.

l’hôtel est en travaux, la femme de ménage est en chambre, le concierge est en maladie, le ciel est en berne, l’ascenseur est en panne, le petit déjeuner est en retard, le monde est en cavale, le vent est en bourrasques, le service est compris, la ville est en souffrance, la terrasse est en fleur…Pensez à réserver et à éteindre en sortant de l’image