Signal
LES CO-ÉCRITURES
Signal
Elle n’avait jamais compris le fonctionnement d’une radio alors la télévision, vous pensez…
Elle fixait avec respect le petit transistor qui avec une fiabilité admirable lui prodiguait chaque jour, depuis des années, les épisodes de Meurtres non élucidés.
Quand les voisins ont commencé à avoir la télé, et que se sont dressés en une forêt surprenante les mâts et autres poteaux devant sa fenêtre, et bien qu’elle eût elle aussi fait l’acquisition d’un poste de télévision qu’elle commençait doucement à apprivoiser (la télécommande la laissait perplexe), elle s’installait chaque jour après la vaisselle du midi pour les observer.
Elle écoutait la sienne et guettait les râteaux pour voir lequel vibrait au son du jeu sur la Une.
Si rien ne bougeait elle en concluait que les voisins regardaient autre chose, et imaginait une procession de petits personnages, de musiciens, de soldats, de fruits et légumes, d’animaux exotiques, se glisser le long ders antennes vers chaque appartement2 mars 2023
Le jeu
Il faut savoir qu’ici, au Mexique, le football, c’est sacré. Lors des match, les hommes sont indécollables du canapé et nous délaissent pour la télévision. Et il y en a un quasiment un jour sur deux! Avec mes voisines, nous avons inventé un jeu. Nous avons attaché chaque antenne de télévision avec une corde. Les soirs de match, nous nous réunissons dans l’appartement de Fabiola qui est célibataire. Les fenêtres sont grandes ouvertes. Nous suivons le match et, au moment où il y a une action cruciale, l’une d’entre nous tire sur la corde qui correspond à l’antenne de son appartement. Ca brouille l’image de la télé qui y est reliée. Si elle entend son homme gueuler, elle boit un verre de tequila. Puis c’est le tour de la suivante. Depuis, on passe les soirées football à rigoler et on termine souvent bourrées… Ca fait trois ans qu’on joue, et nos mecs n’ont toujours pas capté.
28 février 2023
Contact
Du ciel comme s’il en pleuvait, des bourdonnements telluriques en boucles millénaires et des attrape-rêves en ferraille.
Pointe l’oreille, tends le doigt, regarde voir : la vie est un monde-miroir et nos corps des vaisseaux.
On dérive comme des barques trouées on s’accroche au gouvernail.
Et on écope. Au bout du la mer-ciel il y a un « je ne sais pas », il y a un « quelque quoi », un contact, une image…
Lève les yeux, la vigie agite les bras : « Mer! Mer!!! ».24 février 2023
La bonne aventure
Il était une fois un monde d’ondes, d’ondes positives. Fils et antennes entremêlés.
Les oiseaux se posaient sur les antennes, les enfants étaient au bout du fil.
Rien ne faisait écran. l’oiseau apprenait à l’enfant à siffler. L’enfant apprenait à l’oiseau à rêver.
C’était un programme sans chaîne, et sans clavier.
Sans clavier pas tout à fait, il y avait la petite pianiste du deuxième, dont le père était réparateur de toits, de paratonnerres, de cumulus ou de nimbus .
Les nuages n’étaient pas des « clouds », les oiseaux savaient leur temps d’antenne illimité.
Parabole? Fable?
Une petite armée de bouts de fer, cherchaient, guettant le ciel, la bonne aventure de tous les étages.7 février 2023
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